mardi 25 septembre 2018

Yoga Enfant

Yoga Enfant : 3 postures pour l'aider à dompter sa colère


Fatigue, humeur grognonne, caprice…
Votre enfant pique une petite crise. Sophie Flak vous aide à désamorcer la cocotte-minute.



AVEZ-VOUS DÉJÀ REMARQUÉ à quel point il est difficile de rester calme lorsque son enfant est en colère. Assez rapidement, « la moutarde commence à nous monter au nez », comme si la colère était contagieuse ? Au lieu de rester calme, nous nous crispons, voire nous nous mettons également à crier.
Cette « contagion » est due aux hormones miroir qui activent, dans notre cerveau, des zones identiques à celles qui sont stimulées chez la personne avec laquelle nous sommes. Il faut
donc être un super-héros pour parvenir à rester calme lorsque son enfant voit rouge.
Pourtant, il est absolument essentiel de l’accompagner lorsqu’il est submergé par ses émotions. Du point de vue émotionnel, le cerveau de l’enfant commence à mûrir à partir de 5 ans.
Avant, il lui est physiologiquement impossible de répondre autrement que par des cris et mouvements désordonnés à ses émotions. Après 5 ans, c’est de manière très progressive qu’il pourra faire appel à sa raison pour maîtriser ses affects. Les adultes jouent donc un rôle essentiel pour aider les enfants dans ces moments de stress intense.
Afin de vous accompagner dans cette situation difficile, voici une série de trois postures à faire à deux. Elle a pour objectif de permettre aux enfants de sortir de la colère puis de retrouver progressivement leur calme. Elle vise aussi à éviter aux parents de se laisser envahir par les émotions négatives afin de pouvoir apporter la sécurité affective dont leur enfant a besoin.

1- Le nettoyage des émotions

- Allongez-vous sur le sol avec votre enfant, côte à côte. Le tapis n’est pas indispensable. Il vaut mieux proposer cette posture à votre enfant dès qu’il s’énerve. Plus on agit tôt, plus il est aisé de maîtriser la colère qui monte.
- Tapez vite et de manière énergique sur le sol avec les poings fermés et les pieds en criant « haaaa haaaa » le plus fort et le plus longtemps possible.
Surveillez-le pour qu’il ne se fasse pas mal*.
- Votre enfant va progressivement ralentir, ce qui est bon signe. Néanmoins, invitez-le à suivre votre exemple et à maintenir la frappe (« on tape fort »), le rythme (« on tape vite ») et à crier le plus longtemps possible pour allonger l’expiration. L’objectif : tenir au moins trente secondes avec les petits, voire une minute avec les plus grands.

Cette posture, aussi iconoclaste qu’elle puisse paraître, s’inspire d’un kriya – technique de nettoyage et de purification – de kundalini yoga.
Elle permet de décharger les contrariétés, de sortir du stress tout en se sentant soutenu par un support stable et immuable : la terre.

*Attention, si votre enfant devait taper de manière à se blesser, interrompez immédiatement l’exercice et passez immédiatement à la posture n°3.

2- Le rameur


- Asseyez-vous l’un en face de l’autre, par terre. Tendez et écartez un peu les jambes, vos plantes des pieds se touchent. Penchez-vous pour attraper les mains de votre enfant (au niveau des poignets). Pliez légèrement vos genoux pour vous ajuster à votre enfant.
- À tour de rôle, penchez-vous vers l’avant puis vers l’arrière – la posture se fait en dynamique : on reste quelques instants à l’arrière puis quelques instants à l’avant.
- Incitez votre enfant à inspirer quand il se penche vers l’arrière puis à expirer lorsqu’il se penche vers l’avant. Avant 7 ou 8 ans, les enfants n’ont pas la capacité d’exécuter une consigne de respiration. Ne leur dites pas « inspire, expire » mais « souffle fort » quand il se penche vers l’avant, « inspire fort » quand il se penche vers l’arrière.
Invitez-le à vous imiter. Vous, parent, aurez donc une respiration inverse à celle qui est généralement pratiquée pendant cette posture.
- Faites une dizaine d’allers-retours et ralentissez progressivement le rythme.
L’objectif de cette posture est de stimuler le système nerveux parasympathique qui induit un ralentissement général des fonctions de l’organisme (baisse du rythme cardiaque, baisse de la tension artérielle…) et conduit au calme et à la relaxation.

3- Câlin-câlin


- Pour cette troisième posture, restez au sol, assis face à face, et croisez vos jambes en tailleur. Si la position en tailleur est inconfortable, vous pouvez vous agenouillez et vous asseoir sur vos talons, les orteils rentrés.
- Votre enfant va poser sa tête et ses mains sur vos cuisses. Puis, vous allez vous pencher sur lui, poser votre tête sur son dos et l’enlacer tendrement.
Installez-vous confortablement dans la posture, détendez-vous et profitez de la douce chaleur qui se transmet de l’un à l’autre. Comptez mentalement pendant trente secondes, puis intervertissez vos positions.

La recherche a démontré que les câlins stimulent la production d’ocytocine appelée l’hormone du bien-être car elle contribue au lien social et à l’attachement. Cette posture est donc idéale pour apaiser votre enfant et lui procurer un fort sentiment de bien-être et de sécurité.

Pour bien réaliser cette séquence

OÙ PRATIQUER ?
La première posture étant particulièrement démonstrative et bruyante, je vous invite à trouver un lieu où votre enfant pourra donner libre cours à son trop-plein d’émotion, sans se sentir embarrassé.

QUAND PRATIQUER ?
Il est impossible de faire faire des postures à une personne qui est en pleine crise de colère.
Aussi, essayez de détecter les signes avantcoureurs pour proposer cette séquence à votre enfant avant qu’il ne soit trop tard.

POURQUOI LE FAIRE À DEUX ?
Quand il est submergé par une émotion, un enfant n’a pas la disponibilité nécessaire pour
écouter et mettre en oeuvre des consignes. Il est donc beaucoup plus simple de le faire procéder par imitation. Enfin, comme évoqué en introduction, cette séquence sera aussi très
bénéfique pour le parent qui pourra demeurer calme et disponible.

ET S’IL REFUSE ?
Je vous recommande de ne pas forcer un enfant à pratiquer le yoga. Si votre progéniture semble récalcitrante, démarrez la première posture seul(e) au sol. Il n ’est pas impossible que la surprise de vous voir hurlant et tapant le fasse sortir de son état irritable. La première posture étant à l’inverse des injonctions habituelles faites aux enfants lorsqu’ils se fâchent – « sois calme », « ne fais pas de bruit », « ne remue pas tant » – ils vont ressentir de la curiosité et devenir rapidement demandeurs de cette série dont ils mesurent l’efficacité.

IL SE MET SOUVENT EN COLÈRE, EST-CE NORMAL ?
Le cerveau n’étant pas à maturité, il est normal que l’enfant soit submergé par ses émotions et y réponde par la colère. Le yoga est d’une grande aide, dès tout petit, pour prendre conscience de ses états émotionnels et les maîtriser peu à peu. Une fois le calme revenu, dialoguez avec votre enfant pour l’aider à identifier et à comprendre pourquoi il s’est énervé. En lui apprenant à reconnaître ses émotions – colère, peur, tristesse… – et ce qui les a provoquées, vous lui offrez un précieux savoir-être.
Sophie Flak est présidente du RYE, association qui adapte le yoga et la relaxation au champ
éducatif pour stimuler l’apprentissage et améliorer le vivre ensemble à l’école.


in Yoga Journal, Mars 2018

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